Avant-dernière nuit

Nuit du 13 au 14 décembre 2020. #34

La nuit prochaine, je te retrouverai une dernière fois par l’écriture.

Parler, tu sais, ça n’a jamais été mon fort. J’aime les silences et les regards qui durent des heures. J’apprécie étrangement les lettres, la distance qu’elles dissimulent et l’imagination qu’elles demandent.
Chaque nuit, lorsque je prends le clavier, ce sont tous mes neurones qui sont stimulés. Et ma tête se remplit d’images de toi en réaction à la lecture de ces mots. Sans doute, parfois, tu as ri, tu t’es moqué.e, ton cœur s’est serré, tu as peut-être même senti les larmes te monter aux yeux et ta gorge se nouer.
Je t’ai écrit tant d’émotions. Des choses que ma voix porte difficilement : honte, tristesse, anxiété… Toutes ces choses qu’on ne dit pas, ou alors si rarement.

Et bien que j’aime t’écrire, te voir, t’entendre, te sentir, ce sont des sens dont je ne peux me passer trop longtemps. Alors il me tarde de bientôt pouvoir te dire ces mots du soir de vive voix. Voir ta réaction à leur écoute et sentir ma gorge se serrer en les exprimant. Un véritable challenge après de longues semaines épistolaires.

Mais, tu sais quoi ? Ces moments nocturnes m’ont appris, aussi, que toi et moi, on n’est jamais très loin l’un de l’autre. Que ce soit par la pensée, par la voix numérisée, ou par des caractères alignés, on se trouve, on se parle, on échange, on se transmet des souvenirs. On s’aime.
D’une manière un peu particulière, mais ce soir, le particulier ne me dérange pas. Au contraire, je crois un peu qu’il me manquera.

À notre dernière nuit ensemble par les mots,
Tim.