Comino, Malta

Comino. Le soleil irradie la peau. Fait rougir l’épiderme et bouillir les cellules. Mais le corps en redemande. Il veut se jeter à l’eau. Ressentir le froid qui ébouillante autant que le soleil. Car la mer y est fraîche. On va s’interdire de sauter. Prendre le temps de tremper les membres. De faire descendre la température. D’humidifier la nuque. On se donnera tout un tas de conseils qu’il se faudra respecter.
On va se dire : « C’est important, crois-moi. » Et on y croira. On sera obligé d’y croire.

Comino. L’eau couvre les pieds, monte jusqu’aux mollets. Le cerveau accélère la réflexion. On pourrait s’organiser une promenade. La mer est sans doute très belle à voir, de là-haut. Depuis les hauteurs que forment les roches volcaniques. La baignade, c’est surfait. C’est pour les photos Instagram. Pour dire qu’on a bien fait le voyage. La vérité, elle est dans les douleurs que ressentent les pieds lorsqu’ils ont pris le temps de s’ampouler.
Mais dès lors que les quelques consignes sont respectées, le froid capture. Il fait résonner la Bretagne qui souffle à l’intérieur. Et c’est une explosion de bonheur. Entre claquements de dents et poils qui se hérissent. Au cœur même d’un paysage idyllique.
Le bleu scintille. On y voit danser les orteils. On s’y laisse porter. Au rythme des respirations qui permettent de flotter. Les yeux dirigés vers le ciel. Vers le soleil qui brûle sans qu’il ne soit possible de ressentir les brûlures. On ressortira avec le nez teinté. Ça prendra une semaine à passer. Les moqueries tomberont, une fois rentré. Mais ce n’est pas grave. On dira : « Ça en valait la peine. » Et, très honnêtement, on le pensera. Et les pensées entraîneront la nostalgie. L’envie de repartir. De sentir à nouveau. De se tordre la cheville entre deux rochers, de respirer l’air parfumé du thym, de se perdre dans les ruines d’une usine délabrée, d’admirer un paysage que les touristes du lagon préfèrent ignorer.

Comino. Déjà, je souhaite te retrouver. Marcher sur tes routes silencieuses et abandonnées jusqu’à cette plage isolée. Installer mon campement ici, à côté des ermites que tu accueilles à l’année. Y faire des rencontres. Joindre des éclats de rire. Se perdre entre quelques sourires.

Comino. Devines-tu le projet qui se dessine dans ma tête ? J’ai envie de passer du temps avec toi. De prendre un ferry pour dix euros. Un gros sac de randonnée sur le dos. La tente sous le bras. Et l’envie de rester quelques mois. Je veux du silence.

Comino. Ta Méditerranée bretonne me manque.
Ou devrais-je l’appeler Bretagne méditerranéenne ?

Comino. Je t’ai fait la promesse que je reviendrai.
Tiens-toi prête, petite île. Car j’ose espérer que ce jour arrive.

Timothée Cueff

writing & slam poetry • currently living in Ireland

https://timotheecueff.com
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