Films de noël

Dans la cuisine, on a la pizza dans le four et le pot de glace dans le congélateur. Dans le salon, on attend l’arrivée du père Noël. Dans la salle d’eau se remplit le bain de bulles parfumées qu’il faudra couper d’ici cinq minutes. Dans le jardin, on entend le chien hurler à la lune en guettant le passage du traîneau. Sur le lit, on trouve l’ordinateur allumé, le verre de vin en équilibre sur une tablette en bois, le saladier de popcorn au sucre, la bouteille sur l’étagère à côté.

Une fois passé le générique – composé des mêmes images que celui d’avant-hier, d’hier, et de demain, le personnage principal apparaît. Avant-hier, en tablier de cuisine. Hier, en tailleur, une pile de croquis de dessins dans les bras. Aujourd’hui, en t-shirt et jean. Demain, en tenue de soirée.
Lorsque la troisième minute démarre, tu te lèves pour couper l’eau de la baignoire, fais un arrêt pour vérifier la cuisson de la pizza, reviens au moment de détresse : rupture amoureuse, perte d’emploi, classique arrivée en retard lors du premier jour de travail, invitation troublante au mariage de l’ex…

À mesure que le schéma se répète, comme avant-hier, hier, demain, tu croques les séquences au rythme des grains de popcorn qui sucrent le bout de tes doigts.

À la moitié du film, lorsque le personnage secondaire effectue son entrée pour séduire ou agacer – qui, dans les films de noël, devrait être défini par le même verbe, tu sors la pizza du four. Et quand les larmes coulent malgré toi à l’approche du dénouement, tu te déplaces jusqu’à la salle de bain, réappuie sur play, le pot de glace dans les mains, et le vin encore chaud sur la pointe de tes lèvres.


21 décembre
thème : films de noël
291 mots.

Tous droits réservés ©Timothée Cueff

Timothée Cueff

writing & slam poetry • currently living in Ireland

https://timotheecueff.com
Précédent
Précédent

Pyjamas assortis

Suivant
Suivant

Marché de noël